membre du Parti de la Gauche Européenne-Section Bassin minier-
Projet de loi d’orientation agricole : un texte très loin de répondre au défi agricole et alimentaire français.
Le Ministre de l’Agriculture vient de présenter son projet de loi « pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture ». Le texte est très éloigné d’une véritable loi d’orientation agricole fixant des objectifs clairs à atteindre, et mettant en place des politiques publiques avec des outils et des moyens ambitieux. Les problématiques centrales de
l’accès au foncier et du coût du capital à reprendre sont à peine abordées. Celle de l’insuffisance des revenus tirés de la production, totalement évacuée. Ce projet de loi n’est clairement pas à la hauteur de l’immense défi agricole et alimentaire qui se pose à la société française.
Une grave crise agricole et alimentaire qui aurait dû déboucher sur un texte fondateur
Notre pays a encore perdu 100 000 exploitations agricoles ces dix dernières années et le nombre d’actifs non-salariés agricoles – près de 450 000 personnes – continue de reculer. D’ici dix ans, près de 45 % des agriculteurs seront en âge de prendre leur retraite alors même que les installations nouvelles ne compensent aujourd’hui qu’un peu plus de la moitié des départs.
Dans le même temps, notre dépendance alimentaire se creuse sous le double effet de la baisse du nombre d’exploitants et de l’ouverture croissante des marchés, avec une hausse continue des importations de produits agricoles. Cette situation met sévèrement en cause notre capacité à garantir demain notre sécurité et notre souveraineté alimentaires.
Régulation, assurance et formation publiques
Le Parti communiste français fait de la régulation, de l’assurance et de la formation la pierre angulaire d’une ambitieuse politique d’installation. Une politique qui doit se fixer des objectifs clairs,avec un minimum de 500 000 agriculteurs en 2030. Un tel objectif, indispensable pour assurer notre souveraineté alimentaire, nécessite de mettre en œuvre immédiatement une politique
d’intervention publique sur les prix et un régime public d’assurance et de gestion des risques.
Les communistes demandent la mise en place d’une exception agricole, avec la nécessité de protéger notre agriculture face aux traités de libre-échange, notamment le CETA rejeté par le Sénat à l’initiative des sénateurs du groupe CRCE-K. De même, l’accord avec le Mecosur serait catastrophique pour les éleveurs de bovins allaitants européens. Fidèle à ses convictions
internationalistes, le PCF refuse la mise en concurrence entre agriculteurs de régions du monde différentes et préfère de nouvelles coopérations, notamment entre pays du Nord et du Sud.
La reprise d’exploitation facilitée par la mise en œuvre de pratiques moins consommatrices de capital
Défenseur de pratiques agricoles basées sur l’adaptation à l’environnement, l’observation, le renforcement des liens éleveur-animal, l’anticipation et le lissage des risques, le Parti communiste français porte la transformation agroécologique de nos systèmes agricoles comme une condition essentielle du renouvellement des générations en agriculture. Que dire d’une politique défendant en même temps le triptyque numérique-génétique-robotique et l’installation de jeunes agriculteurs et agricultrices ? Sans renier l’innovation et la science, il est urgent de renouer avec des pratiques moins consommatrices de capital reposant, entre autres, sur les grands principes de l’agroécologie, avec, comme clé de voûte, la complémentarité entre espèces animales et
végétales, le bouclage des cycles de l’eau et des nutriments ou encore le maintien de la biodiversité. Ces principes reposent sur une plus forte incorporation de travail humain dans les processus de production, plutôt que l’accroissement des consommations d’engrais minéraux, de produits phytosanitaires et vétérinaires ou de machines.