Affaire Pierre Vaux – Pas de fumée sans feu…

Vous aimez frissonner, vous aimez le poivre ? Vous aimerez cette affaire qui se termine dramatiquement et injustement à Cayenne le 13 janvier 1875.

Un drame, un vrai drame… pire, une monstruosité judiciaire, au-delà même, une tache indélébile sur l’hermine.

Pierre Vaux et Jean Baptiste Petit, une affaire tragique, le premier possède une rue à Montceau-les-Mines.

Pierre Vaux instituteur et maire de Longepierre en Saône-et-Loire (huit cents habitants) accusé d’être le chef des « rouges » de sa commune et d’être l’auteur de vingt-cinq incendies qui éclatèrent dans le village révoqué (21 mars 1950), jugé coupable et déporté en Guyane.

Pierre Vaux, père d’Armand fils aimant et révolté, fut réhabilité grâce à l’opiniâtreté et l’amour de ce dernier élu député de la Côte-d’or qui contribua au vote d’une loi favorisant les révisions de procès et les réparations d’erreurs judiciaires. La réhabilitation fut acquise le 16 décembre 1897. Le jugement de 1852 est qualifié de « crime judiciaire » dans l’arrêt de la cour de cassation.

De quoi s’agit-il ?

D’une rivalité politique. Pierre Vaux est un républicain sincère, un ardent défenseur de l’école laïque et obligatoire, un partisan du partage des terres aux paysans… un « rouge » pour les monarchistes véhéments qui combattent toute idée de république et de progrès social.

Pierre Vaux élu maire est suspendu par le préfet et révoqué à cause de son engagement politique. De nouvelles élections sont convoquées.

La liste républicaine, sans Pierre Vaux, remporte les nouvelles élections municipales.

Le préfet, sous de fallacieux prétextes, destitue Pierre Vaux de son poste d’instituteur.

Peu de temps après une chaumière brûle, on classe cet évènement comme acte criminel, surtout que la série se poursuit (vingt-cinq incendies criminels, deux morts, deux-tiers des bâtiments endommagés).

Les coupables, ils sont tout trouvés, Pierre Vaux et Jean-Baptiste Petit, Reine Bonjour sont arrêtés puis relâchés. On peut aller loin sur des présomptions, mais sans preuves patentes… pas de problème on fait appelle à vos populi, quelques mois plus tard, plusieurs habitants les accusent, c’est suffisant il y aura procès.

Ceux qui pensaient qu’il s’agissait d’un complot politique étaient nombreux. Les incendies continueront bien après les inculpations et le transfert en Guyane (un certain Gallemard est reconnu principal instigateur et se suicide en prison), mais raison d’état, raison du plus fort et la justice ne les blanchira pas, l’Hermine en peut supporter une tache, donc ils moururent emprisonnés et furent inhumés à l’îlet La Mère, Pierre Vaux le 13 janvier 1875. Il ne fut réhabilité que 22 ans plus tard.

Dans les brûlots politiques il n’y a pas de fumée sans feu.

Gilles DESNOIX

2 commentaires :

  1. Merci pour tous ces articles remarquables, M. Desnoix.
    J’ai remarqué que la plaque disait « victime d’une erreur judiciaire ».
    Peut on être plus cynique ?
    Cordialement

  2. Que ceux qui réclament la réouverture des « bagnes » (sur certains autres sites locaux d’information) lisent l’article et réfléchissent bien …

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