Un 10 août en gagnant l’état civil ils en ont perdu leur latin

Après un Edit, une ordonnance.

Le 10 août 1539, en son château de Villers-Cotterêts (Aisne), le roi François 1er signe l’ordonnance éponyme de 192 articles instituant le Français (Oïl) comme langue administrative pour tous les actes légaux et notariés, en lieu et place du latin.

L’autre novation organisationnelle, c’est l’obligation faite aux curés des paroisses d’enregistrer les baptêmes. Il s’agit là d’un embryon d’état civil. Pour les décès et mariages il faudra attendre les ordonnances de Blois (1579) et Saint-Germain-en-Laye (1667) pour que leur enregistrement devienne une obligation légale.

« Et pour ce que telles choses sont souvent advenues sur l’intelligence des mots latins contenus dans lesdits arrêts, nous voulons dorénavant que tous arrêts, ensemble toutes autres procédures, soit de nos cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soit de registres, enquêtes, contrats, commissions, sentences, testaments, et autres quelconques actes et exploits de justice, ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties, en langage maternel et non autrement ».

Il convient de se rappeler que la France est un royaume qui s’est construit au gré des partages, héritages et traités et que jusqu’au 16ème siècle ne régnait pas une unité linguistique sur l’ensemble de son territoire. Langues d’Oc, langues d’Oïl, provençal, parlers vernaculaires, patois, etc.

Il s’agissait aussi de doter le royaume d’une unification administrative. Cela participait d’un mouvement venant du bas avec la volonté des noblesses locales de se rapprocher du pouvoir central.

Comme en témoigne la décision du Parlement de Toulouse (mis en place à Toulouse en 1443 par Charles VII) en 1448 de n’employer dorénavant que la langue d’oïl dans ses travaux et ses écrits. Il convient de préciser que parlementaires et à Toulousains ne parlaient que la langue d’Oc, on leur demandait d’apprendre et utiliser une langue étrangère en quelque sorte.

Le latin, jusque là, était la langue des élites instruites et des actes officiels. Il restera la langue officielle de l’église catholique et des offices jusqu’au concile de Vatican II, comme aussi dans l’Empire Austro-hongrois jusqu’au tournant du XIXème siècle.

Notons que le premier acte officiel enregistré en langue d’Oïl le fut en 1532 à Aoste en Italie.

Allez jacter à l’est….

Gilles DESNOIX

Un commentaire :

  1. Bravo pour cette série d’articles sur l’histoire de notre pays !

    Personnellement, j’apprends beaucoup (pas sûr que je retienne tout ! )

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