Terrorisme islamiste – Recruté sur internet, il est intercepté à Charles de Gaulle, un témoin raconte

Voici le témoignage d’un homme qui a été en contact avec un individu radicalisé, recruté pour partir en Syrie. Comment a-t-il rejoint cette bande de fanatiques religieux qui ensuite déclenchent des attentats islamistes en France ?

La liste des attentats terroristes est déjà longue en France. Est-il besoin de rappeler ceux perpétrés à Charlie Hebdo, Mantes-le-Jolie, Saint-Quentin-Fallavier, ceux du 13 novembre 2015, notamment au Bataclan, Nice, etc.

Et celui du 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine où Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie a été décapité.

A chaque fois, les mêmes maux et mots reviennent. Les auteurs disent avoir agi « au nom d’Allah » et de l’organisation État islamique. Une organisation terroriste.

Al-Qaïda, Daech, ils terrorisent. Ils recrutent aussi. Comment ?

Il n’a pas de nom, pas de visage, est de nulle part. En 2014, il a eu accès à des informations après l’interpellation de quatre individus à l’aéroport Charles de Gaulle. Ils partaient pour la Turquie. « Filés par les services de renseignements, ils ont été incarcérés » précise celui qui a été, après coup, en relation avec l’un des hommes qui devait rejoindre la Syrie.

Il décortique  la méthode utilisée pour recruter. « Jusqu’en 2005/2007, ces fanatiques arpentaient les quartiers, depuis ils utilisent internet et les réseaux sociaux » dit-il.

Alors c’est l’histoire d’un jeune homme, sa famille est magrébine sans être très pratiquante. Mais il s’ennuie et un jour, il va sur les forums, cherche des infos sur l’islam et se fait des amis. Les messages parlent de paix. « Il est très difficile de les repérer » note notre témoin.

A fil des échanges, se créé une vraie infinité, la religion est omniprésente et « un premier rendez-vous est fixé ».

Pas dans un café mais dans un appartement comme celui qui a servi à loger des terroristes du 13 novembre 2015 à Saint-Denis. « Ils sont vides parfois juste avec des matelas ».

Après la paix, c’est un message de guerre qu’ils partagent

Et l’endoctrinement commence. Entre le RH, celui chargé d’évaluer les capacités de la proie, la religion radicale est le fil conducteur. « Ils ne parlent pas encore de guerre mais le RH explique qu’il faut rester ente nous, les autres sont des mécréants qui finiront en enfer. Avec lui, ce sont les portes du paradis qui s’ouvrent ».

Déjà ce moment-là, les recruteurs ont une idée du profil de leurs proies. D’autres rencontres ont lieu.

Si les premiers rendez-vous se tiennent à Paris, le jeune qui désormais ne s’ennuie plus, se rend alors à Toulouse. Le message est différent, « il doit penser objectif guerre et une nouvelle sélection s’opère ». C’est un examen final.

Les RH déterminent alors parmi les recrues, qui est est fait pour quoi, commettre un attentat, partir en Syrie, s’occuper de la logistique, trouver des fonds et chacun est envoyé dans une cellule.

A Charles de Gaulle, quatre sont interceptés. Ils sont Magrébins et Européens.

Aujourd’hui, déjouer un attentat est une tâche ardue. « Mais il est possible d’observer des signes avant-coureurs » fait remarquer notre témoin. « Celui qui a décapité Samuel Paty vient de ce système de recrutement. Souvenez-vous, sa famille a dit qu’il avait changé. Il aurait fallu faire un signalement tout de suite. On aurait pu éviter le passage à l’acte. Quand il se coupe de son cercle d’amis c’est que, sans doute, il est manipulé ».

« Mais l’Etat ne tient pas suffisamment compte des services de renseignements. Moi je dis que les politiques ne prennent pas les bonnes décisions. Quand il se passe un attentat, ils sont outrés. On ne parle pas d’un automobiliste mal garé mais de sécurité nationale. Le séparatisme, ça aide en quoi la guerre anti-terroriste ? » explique notre inconnu.

Dans ces attentats islamistes, les terroristes se réfèrent aux paroles religieuses, écoutent des prédicateurs « qui jouent justement sur les textes » souligne notre interlocuteur. C’est une radicalisation de la pratique de l’islam. « Les vrais religieux le disent, si vous faites ça, vous irez en enfer ».

Tout le monde n’écoute pas les bonnes paroles.

Jean Bernard



Celui qui a été en contact avec une recrue en partance pour la Syrie, a aussi un avis très tranché sur la lutte antiterroriste. Son témoignage s’accompagne donc de ce texte ci-dessous. A notre sens, il n’apporte rien si ce n’est un effet politique. Le publier faisait partie du deal.

« Avant tout, il faut remercier tous les services de la lutte antiterrorisme pour leurs efforts constants dans cette guerre et sans qui, il serait impossible de retrouver un état de total sécurité.

Je souhaite aussi donner mon point de vue sur les solutions mises en place par le précédent et actuel gouvernement, qui sont des lois et solutions vitrines, prisent par des politiciens n’ayant que trop peu de connaissances sur le problème. Ils ne disposent pas assez de visibilité et de recul pour proposer des solutions productives.

Il est, selon moi, de la responsabilité des services de l’antiterrorisme de proposer, quand besoin est, des lois contre le terrorisme ; car même si le gouvernement s’informe auprès des services, il prend seul la charge d’imaginer et créer ces lois qui concerne un problème très pointu. Ce que je veux dire par là, c’est que les lois sur le séparatisme proposées par l’exécutif et défendu fervemment par Marlène Schiappa comme la table des dix commandements, sont certainement nécessaires, mais ne sont peut être pas la priorité. En effet, je ne vois pas comment une loi sur le discours contre républicain peut vraiment favoriser les services de l’antiterrorisme, étant donné que les personnes condamnées par ce genre de lois, ne sont qu’une bande d’ignorants, sans éducation et non de vrais terroristes. J’ai entendu qu’une seule personne politique, du parti « Les Républicains », qui a soulevé des points essentiels et des fragments de solutions intéressants mais après il faut voir.

Pour ma part, je pense que le soutien amplifié de la police et de la gendarmerie dans les investigations, est plus que nécessaire pour ainsi couvrir un maximum de territoire. Il faut aussi transmettre à ces services, les identités des fichés FSPRT, des prédicateurs et des personnes à risque fichés S.

Une campagne de communication et de prévention nationale sur les signes d’alerte de radicalisation, en se basant sur des informations relevées sur le mode de recrutement de l’ennemi est nécessaire.

Revenir au soutien des zones pauvres et populaires qui se sentent, depuis presque vingt ans, encore plus délaissées et exclues de la société. Éduquer les jeunes sur la liberté d’expression et de chacun, l’histoire et la culture des différentes communautés françaises, car c’est en apprenant à connaître son prochain qu’on apprend à l’apprécier.

Peu importe notre couleur et notre croyance, ce désastre nous touche tous. Si nous nous noyons dans l’amalgame, ils auront réussi à nous faire entrer dans un climat de peur paranoïaque générale, et quelle catastrophe ça serait pour nous et la lutte antiterrorisme. »

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