Rencontre – Jean-Pascal Missland, un artiste du vin

« C’est un putain de beau métier. Tu as une superbe clientèle, des gens sympas. Ils viennent pour se faire plaisir et faire plaisir ». C’est presque du Michel Audiard dans le texte pour un Jean Gabin qui tire sa révérence avec élégance. Celle d’un gentleman, un  épicurien.

« Globalement, il est chiant, c’est quelqu’un de difficile mais qui connaît sa clientèle et qui, surtout, n’est pas sensible aux chants des sirènes » dit de lui Bernard Derain, l’ancien directeur de la cave des vignerons de Mancey du côté de Tournus, venu aider son ami.

Son ami, c’est Jean-Pascal Missland, le patron de la Cavavin au centre commercial des Alouettes à Monteau-les-Mines. Un monument, que dire, un nez digne de Cyrano de Bergerac qui hume le nectar des Dieux comme pas deux.

Il a fêté ses 62 ans le 16 octobre dernier, alors Jean-Pascal Missland rend son tablier pour une retraite qu’il va consommer sans modération. « J’ai eu l’opportunité de vendre », c’est tout simple lance-t-il sans philosopher. « En 23 ans, j’ai pris 19 semaines de vacances ».

Ce Parisien né de parents alsaciens, « mon grand-père a été le premier blessé en 1940, il était adjudant-chef » raconte-t-il avec fierté, a vu le jour dans la même clinique que Jacques Mesrine à Clichy. Juste une simple coïncidence. Ont-ils trinqué avec un biberon ?

Son parcours est forcément moins rocambolesque mais pas dénué d’intérêt. A 18 ans, il travaille à la SNCF aux wagons lits sur la ligne Paris – Venise, devient chauffeur routier, puis affréteur, agent général d’assurance et tombe dans le vin.

Il débute rue des Oiseaux à Montceau (aujourd’hui le local du PS) avant de s’installer au centre commercial des Alouettes.

Le bourgogne, son péché mignon, un vin d’exception

Son métier, disons plutôt sa passion, il en parle comme un vigneron de son vin. C’est de l’amour. « J’aime ça. J’aime la vie, j’aime ce qui est bon. Je ne sais pas ce qu’est la gueule de bois. Je bois rarement mais beaucoup » dit-il dans un éclat de rire. « C’est le côté convivial. C’est pas des galéjades à usage des cons ». Michel Audiard sort de ce corps.

Depuis le 19 octobre, Jean-Pascal Missland liquide son liquide. Avec une semaine de retard à l’allumage victime qu’il a été d’une péritonite aiguë. Une hospitalisation en urgence absolue, ça ne prévient pas mais à l’Hôtel Dieu du Creusot, ils ont fait du bon boulot ».

Il est sur pied mais l’aide de Bernard Derain est la bienvenue car les cartons défilent comme les tournées au comptoir. Que du bon, évidemment.

Caviste, est « un putain de beau métier », encore faut-il trouver le meilleur produit au meilleur prix pour satisfaire les clients. Et Jean-Pascal Missland a du nez. Déjà, tous les vins de la Cavavin, il les a goûtés. Mais surtout, il flaire les bons coups comme pour les blancs 2010 alors que tout le monde achète du 2009. « 2010 a été un millésime remarquable alors que 2009 fut une catastrophe » rappelle Bernard Derain. « Oui, j’ai laissé les autres acheter du 2009, voilà de quoi j’étais capable et sans aucune honte ». Et quand il faut « cueillir » d’un coup 750 bouteilles d’un bourgogne rouge hors normes, il aligne la monnaie et la banque les prêts.

Parce que son péché mignon, c’est le bourgogne. « J’adore ». Quelle pub ! « Il est d’une complexité, c’est un vin incomparable ». Et son obsession, c’est de faire du bon, du très bon. Ce goût de l’excellence, ses clients lui rendent bien, ils ont une confiance totale au caviste des Alouettes.

L’heure est bientôt venue de trinquer une dernière fois et même si le stock s’amenuise très vite, on trouvera bien un dernier godet à partager. Quel personnage ce Jean-Pascal Missland. Un artiste du vin.

Jean Bernard

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