Rencontre – Elles arrivent moches, repartent belles

Sébastien Chaplin.

Planqué n’est pas le mot, discret est le terme plus approprié. La façade de Carrosse-Auto-Rétros _ « avec un s à rétros pour ne pas faire comme tout le monde » dixit Sébastien Chaplin _  ne paye pas de mine dans l’impasse Anatole France à Chalon-sur-Saône. « Avant, c’était la concession Simca » indique le patron de 44 ans.

Ce lieu, il le connaît depuis 20 ans. Aujourd’hui, le rez-de-chaussée abrite des pépites de l’automobile quand en 2015, il a créé sa société : spécialiste véhicules anciens, carrosserie, peinture, mécanique et sellerie. Rien de comparable mais alors absolument rien avec un garage et ses offres de vidanges encore moins chères que le concurrent.

L’ambiance  y est particulière, c’est un atelier d’orfèvrerie même si au premier coup d’oeil, les carrosseries d’un autre âge semblent sécher comme un jambon ibérique, l’Pata Negra. Rénover un véhicule déclaré « mort » demande du temps, de la patience et un savoir-faire hors du commun. « C’est un autre métier, beaucoup s’y essayent mais ne tiennent pas longtemps » spécifie Sébastien Chaplin.

Avec son équipe de six salariés, des chirurgiens de l’automobile, « moi je m’occupe de la mécanique » précise-t-il, il redonne vie aux véhicules dont certains ont végété des années dans une grange ou au fin fond d’un bois. « C’est de la passion » signifie-t-il encore. Restaurer une Mercedes 190 SL de A à Z a demandé plus de deux ans de travail. Chercher les pièces d’origines, retrouver la couleur référencée par le constructeur, nécessite beaucoup de temps. « Tout est refait à l’origine. Une voiture qui était bordeaux restera bordeaux. Actuellement, CAR prend soin, entre autres, d’une Fiat Dino avec un moteur Ferrari  des années 70.

Tout doit être parfait, de la peinture à la soudure

Dans l’atelier on découvre des modèles pas inconnus mais presque comme cette Facel-Vega, une ancienne marque française d’automobiles de sport et de prestige qui a tenu dix ans de 1954 à 1964. « Les collectionneurs en sont fous ». Trône également une Peugeot de 1922, une 175 T qui a une petite histoire. Elle devait faire le Paris-Pékin en 1982, l’épreuve a été annulée. Cette Peugeot avait un pilote de pointe en la personne de Nigel Mansell qui en 1992 devint champion du monde de Formule 1. La « belle » attend son nouveau propriétaire après une visite mécanique dans les règles de l’art.

Entre les mains de Sébastien Chaplin et celles de ses experts estampillés CAR, ce sont des voitures de prestige voire même une 2 CV qui sont auscultées et remises sur pied. Après, c’est une question de budget. La très grande majorité des véhicules ne vaut pas moins de 100 000 € une fois restaurée. Fabriquer une aile à partir d’une tôle plate à l’identique que le modèle d’origine est une prouesse et un coût. Avec cette méthode de travail, Sébastien Chaplin s’est forgée une belle notoriété. Les clients l’appellent, ils viennent aussi de l’étranger. « Mon plaisir est de voir arriver un véhicule pas beau, le voir repartir magnifique et boire le champagne avec le propriétaire. Mais il faut faire très attention à tout ce qu’on fait. La peinture doit être parfaite, la moindre soudure aussi. Si le travail ne me plaît pas, on recommence tout avant de livrer le client ». L’excellence ou rien.

Dire, faire et faire voir, c’est essentiel dans le métier, voilà pourquoi il a participé au salon Epoqu’Auto de Lyon début novembre où CAR présentait quatre modèles, la Flacel-Vega en cours de restauration, une Floride S, une AC Cobra et une Simca 6. « C’est important d’y être, montrer ce que nous savons faire, surtout après la crise sanitaire », précise le patron.

Sébastien Chaplin _ sans doute de la famille de Charlie Chaplin, « c’est probable » pense-t-il _, fort de son image, aimerait développer son activité, agrandir ses locaux, trouver aussi des actionnaires ou des associés. Car les voitures de collection ont encore de belles années à vivre une fois ressuscitées.

Jean Bernard

AU SALON EPOQU’AUTO 2021

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *