Vaccins au service national – « Piqués le samedi matin, une orange à midi et une soupe le soir »

Souvenir d’une chambrée, des appelés de la 70/02.

C’était une autre époque, celle du service militaire où les appelés, pendant un an, apprenaient le maniements des armes, à obéir, à ranger sa chambre, faire son lit tous les matins, cirer ses rangers, repasser sa chemise avec les plis réglementaires et, aussi, se faire vacciner à son arrivée à la caserne.

Qu’en serait-il aujourd’hui si le service national comme on disait en ce temps-là, existait toujours ? C’est vrai, avant qu’il ne soit suspendu le 28 octobre 1997 par le président de la République, Jacques Chirac, « les bidasses » auraient-ils accepté de recevoir le TABDT (voir la définition plus bas) sans rien dire ou se seraient-ils opposés à cette injection ?

Nous publions les souvenirs d’un appelé de la 70/04, aujourd’hui âgé de 70 ans. A prendre avec le sourire, évidemment ! Chacun en pensera ce qu’il voudra.

J.B.



La seule maladie qui ne donnait droit à aucune vaccination, c’était la « chtouille », non encore éradiquée à ce jour.

 Cela devrait rappeler de bons souvenirs aux jeunes militaires… de plus de 50 ans…

 Souvenir.. souvenir …TABDT !

 TABDT… rien à voir avec nos deux petites injections contre le Covid !

 Description parfaite de la piqure du service militaire. Pas d’histoire, on ne demandait l’avis de personne, et le lundi séance de Gym pour dérouiller les épaules douloureuses.

Nous allons être de moins en moins nombreux à garder en mémoire ce sigle. Il s’agissait d’une vaccination militaire, à laquelle, comme beaucoup de recrues j’ai été soumis. J’en garde un souvenir peu sympathique d’autant, qu’à cette occasion, il n’était pas question de solliciter des récipiendaires un consentement éclairé.

TABDT signifie : Typhoïde A et B, diphtérie, tétanos. Nous étions réunis par sections dans un local de l’infirmerie et assis sur des bancs alignés. Nous étions torse nu et côte à côte. Il y avait des odeurs que je n’ai jamais pu identifier mais qui m’ont laissé un souvenir particulièrement désagréable. L’ambiance était alors à l’inquiétude parmi ces jeunes gens qui découvraient l’armée française.
Passaient dans notre dos des infirmiers, qui étaient surtout des appelés du contingent aux compétences médicales non définies.
Le premier avait la mission de désinfecter la zone d’injection, dans le dos, à l’aide d’un coton imbibé de je ne sais quoi, peut-être de la teinture d’iode. Il frottait fort.
Un second suivait le même cheminement. Sans délicatesse, il plantait une aiguille dans une zone entre l’épaule et le cou. Il faisait cela à la chaîne, d’un geste machinal. Jamais il ne s’inquiétait de savoir si sa piqûre était douloureuse ou pas.
Alors arrivait un troisième personnage qui devait être un médecin à en juger par son air pontifiant. Celui-ci, équipé d’une seringue qui m’a paru énorme, injectait le liquide dans l’aiguille fichée dans la chair. On ressentait tous, à en juger par les gémissements, une certaine douleur qui n’émouvait en aucune manière les intervenants.
Le dernier personnage de cette séance était celui qui soulageait les receveurs puisqu’il était chargé de retirer les aiguilles. Il frottait avec un coton l’endroit de l’injection sans aucun ménagement et avec une ardeur douloureuse.
Par la suite, nous étions mis à la diète et invités, durant les quarante huit heures suivantes, à beaucoup bouger le bras afin de faire circuler le produit vaccinal.
Piqués le samedi matin, une orange à midi et une soupe le soir.  Idem le dimanche et le 1er repas le soir.
Et surtout, ne pas boire d’alcool ni manger de charcuterie!  et rebelote 2 semaines après..
Il était admis que cette vaccination était douloureuse, point à la ligne.  Mais c’était pour notre bien ..
Certains, même qui partaient en Outre-mer avaient une série de piqûres supplémentaires et ils n’en sont pas morts. Et puis… nous étions des guerriers.. Bordel !! pas des gonzesses..
Personne ne s’est inquiété de savoir s’il y avait des effets secondaires.
Il y a cinquante ans de cela, il n’était pas proposé à quiconque de consentir ou non, ou demander des explications…
Je ne me souviens pas qu’un jeune appelé ait osé contester.
C’était ainsi.
Il se dit qu’un document de 45 pages a été édité pour expliquer la procédure de vaccination contre la Covid dans les EHPAD.
On pourrait s’interroger pour savoir ce qui a changé.
Sans doute qu’une bureaucratie paperassière a envahi notre façon de vivre.
Et que l’intérêt de l’individu a pris une telle place qu’on prenne des gants en permanence…. le collectif passe après.
Et là, pas de manifestation pour savoir si c’était çà la liberté, pas de manifestation pour dire que l’on était sous le régime d’une dictature, pas de manifestation pour inciter les pauvres militaires que nous étions, à aller détruire les pharmacies, les permanences des députés, pas de manifestation pour renverser le pouvoir avec son Président.
C’était le temps du respect, de la discipline et du bon sens. Pauvres militaires de cette époque, combien sont morts de ces injections ? Et nous avions un carnet de santé mentionnant les vaccins ! ! !
Et nous sommes tous rescapés de cette terrible époque.
Souvenir d’un ancien de 70 ans, classe 1970/04.

 

26 commentaires :

  1. Avec des tremblements pendant 24 h dans ton lit après l’injection, il y avait 3 doses, j’ai échappé à la 3eme en échange de mon attribution de cigarettes…!
    Autres temps autres moeurs…

  2. tellement vrai tout ca
    un peu plus jeune mais la 78/10 au 6eme RPIMA(regiment parachutistes infanterie de marine) a Mont de Marsan
    Supprimer l armee a ete la plus grosse erreur qui soit ; ca c etait l ecole de la vie
    La decadence et le b… a la francaise ont commence a partir de ce moment la

  3. Bonjour,
    Merci « l’ancien », pour votre témoignage.
    Bien que de 5 ans moins ancien que vous, je me souviens parfaitement de cette vaccination à la chaîne avec chacun une aiguille plantée dans le dos.
    Je me souviens également d’un camarade de chambrée qui, tenaillé par la faim durant la diète forcée, s’était administré toute une tablette de chocolat. Il a été malade comme un chien !
    On n’a jamais su si c’était dû au non-respect des consignes et aux effets délétères de la nourriture suite au vaccin ou à une banale indigestion de chocolat…
    Toujours est-il que ceux qui, aujourd’hui, ont peur d’une petite injection me font doucement sourire.

    L’humain serait-il devenu une petite chose fragile et délicate ?

    Bien à vous,
    MicMont

  4. 77/04: Je suis arrivé avec mon carnet de vaccination à jour et j’ai pu échapper aux piquouzes de l’armée !!!
    D’accord avec CRICRI, on aurait pas du supprimer l’armée, on en voit les résultats actuellement !!

  5. L’Humanisme est de considérer enfin qu’une vie sans douleur est possible.
    La cécité émotionnelle est de croire qu’un mal est un bien.
    La lumière est d’enfin comprendre pourquoi et comment et dans quel but nous faisons toute chose.
    La valeur morale est de mettre tout pacifisme au-dessus de toute décision.
    Le paradoxe, le comble des combles est de trouver normal de faire la guerre pour la paix.
    L’intelligence est de marcher toujours vers ces questionnements.

  6. L epoque ou on apprenait a se lever ,a bosser , a prendre des coups de pieds au c.l et a respecter le monde et les choses sans se sentir brime et agresse en permanence.
    E t surtout ou que l on se situe on aura toujours un chef au dessus de nous!!!!!

    • La preuve que cette « méthode » a bien fonctionné,
      C’est que le monde est très « apaisé », tout le monde est « honnête «  et les inégalités sont très modestes

  7. Bonjour,
    Faut vous engager les gars, nostalgiques d’une époque révolue, de votre jeunesse déchue !
    Moi aussi, j’ai fait l’armée (le service militaire), j’ai eu mes doses de vaccins, la seule chose dont je me souvienne, c’est d’avoir eu faim et d’avoir ingurgité une boite de raviolis froids, sans pour autant avoir été malade.
    je n’ai rien appris pendant cette année perdue.
    je suis content que mes enfants, mes petits enfants n’aient pas à subir cette épreuve, oui une épreuve, un lieu où on vous traitait comme moins que rien, (…), vociférant des injures que je n’oserais même pas répéter.
    Je ne suis toujours pas vacciné, et je revendique le droit de choisir.

  8. Peut être, Cricri…..
    Mais l’abandon du service militaire n’était il pas la preuve que la société avait déjà changé ?
    Mai 68, une cause ou un effet ?

  9. Et oui, c’était l’époque où l’on apprenait que nos droits étaient conditionnés par nos devoirs. Que nous étions là pour servir et défendre notre nation si nécessaire. Que le respect n’était pas un dû mais se méritait. Qu’il fallait se serrer les coudes pour atteindre ensemble un objectif. L’époque où personne ne se croyait meilleur spécialiste que les specialistes, bref, cetait l’époque où nous avions de l’éducation …

  10. Mon cher Philo l’armée vous y avez sûrement échappè !

  11. et de plus, une mixité intellectuelle intéressante , de l’ouvrier au futur médecin , des soirées en chambre de 30 joyeuses , conviviales et malgré tous les moments difficiles( raids 30et 100km, marches commandos etc etc ) , 52 ans après , reste de bons souvenirs que ceux de 20ans n’ont pas connus comme dit la chanson!!!

  12. C’est vrai que l’armée ferait du bien pour tout le monde respect politesse et savoir vivre manquent à beaucoup de gens. Quel betise cette suppression.

  13. Tout dépend quel but nous avons à atteindre.
    Un chemin est la paix par le respect de tous envers tous, qui peut s’obtenir par une bonne éducation, toute simple, à la fois sans concession sur les valeurs morales et le vivre ensemble et libérale sur les personnalités et les choix d’activités. (cf Isabelle Fillozat)
    Un autre chemin est la paix par la soumission (La Boétie), souvent la conséquence de traumas répétés.
    Et donc en psychologie (confirmé par les neurosciences et la biochimie du cerveau (Dr Christophe André, Dr Bessel van der Kolk, Dr Muriel Salmona, Dr Antonio Damasio, Dr Palo Alto et beaucoup d’autres…..), trois voies de conséquences existent lors d’un trauma :
    Le « plus jamais ça » qui donne la mise en place d’un environnement bienveillant comme par exemple la Sécurité Sociale et les Gaullistes enfin alliés fraternellement aux Communistes, ainsi qu’une armée de métier seulement défensive tant que le Monde n’est pas en Paix.
    Le « j’ai souffert donc les autres doivent aussi souffrir….pour leur bien » (la souffrance à autrui n’est jamais assumée) qui donne la perpétuation des traumas de générations en générations
    Et toutes les nuances de déni, qui font aller d’un pied sur l’autre : « oui, mais non, mais peut-être que oui, ou peut-être bien que non…… » et entraîne le statu quo dans lequel l’immense majorité des humains se trouve.
    Et bien évidemment toutes les nuances intermédiaires et croisées et nuances de trauma : il y a des « petits » traumas qui abîment une petite partie du cerveau et entraînent de « petites » maladies ou de « petites » tricheries, de « petits » dénis ; et il existe (plus rarement heureusement) les traumas majeurs qui entraînent dépressions et autres complications, ainsi que les guerres par exemple.
    Les cartes des violences éducatives les plus traumatiques se superposent comme par hasard avec les cartes des pays en guerre. Pour notre pays, Françoise Dolto est passée par là ce qui fait que c’est sans doute par là que notre société tolère de moins en moins la violence et la guerre. Les pays anglo-saxons ont eu pour leur part John Bowlby.

  14. Bonjour, nous vivons dans un monde ou le conformisme est roi……..En ce qui concerne le vaccin…oui c’était bien un vaccin. à l’époque…un vrai…pas en expérimentation. comme aujourd’hui…une dose suffisait… mais le pouvoir, l’argent contribuent à ce que nous vivons aujourd’hui.

    • Désolé, Muriel, mais une dose ne suffisait pas. Il en fallait 3.

    • bien d’ accord avec vous , avant la médecine c’était fait pour vous soigner, aujourd’hui l’argent passe avant , à tous les niveaux
      Alors que les médecins eux choisissent d’être médecins nous les patients on ne choisit pas d’être malade, pourtant moi je trouve
      fantastique , merveilleux de pouvoir soigner les gens , ce n’est pas donné a tout le monde , qu’est ce qu’on peut attendre aujourd’hui , rien!
      l’argent et la politique à pris trop de place dans la société

  15. J’oubliais un point très important :
    Lorsque le cerveau a dû subir une action, ou toute injonction contraire à son équilibre, à son libre arbitre, à sa bonne santé psychique, Freud a parfaitement compris, démontré quotidiennement et expliqué le « refoulé » et le « retour du refoulé ». C’est-à-dire la naissance des émotions de colère, de haine, de vengeance, de jalousie, de revanche, etc….. que le surmoi réprime à juste titre, car la violence n’est pas constructive (le refoulé), mais qui finit par transparaître un jour ou l’autre car elle ne peut pas rester enfouie indéfiniment, sinon le corps tombe malade (le retour du refoulé), et cela entraîne rejet, radicalité, intolérance, déséquilibres et mauvaise foi, ou dans l’autre sens dépression, anxiété, soumission, etc…..
    C’est pour cela que la « pédagogie » (mot très à la mode chez nos élus et leurs conseillers en économie) est fondamentale (lorsqu’elle est honnête et conforme au réel), c’est-à-dire l’explication, la compréhension, la réflexion, le dialogue pour permettre à chaque individu d’intégrer et de gérer au mieux les événements qui arrivent. Mais cela demande patience, travail, temps, essais parfois infructueux, maîtrise du vocabulaire et sincérité sans faille.
    C’est ainsi qu’il nous faut à la fois la « méthode du bâton et de la carotte », car pour le moment, l’Homme ne sait pas faire autrement du fait de son passif, mais semer avec patience les graines de la méthode du libre arbitre pour que cette dernière remplace progressivement la première.

  16. tout a fait c etait 3 doses pour tout le monde
    et deux autres pour ceux qui partaient en outre mer
    a l arrivee a la caserne c etait :
    1) le paquetage
    2) le coiffeur
    3) l infirmerie
    et personne ne disait rien ni demandait la composition………..

  17. philo
    laissez Freud, Marx et compagnie reposer en paix avec leur vision des siècles passés et voyez le temps présent! le reste n’est que littérature et retour vers le passé obsolète et sans solution actuelle

    • Beaucoup de choses du passé sont toujours d’actualité
      Les dictons par exemple, beaucoup sont toujours justes
      La philosophie et la littérature aussi

  18. et oui pour moi aussi, 69/2A meme scenario à ACHERN ( FFA ) en tout c’était 3 doses et depuis toujours là avec les 3 doses ,pass vaccinal à jour

  19. il me semble me reconnaitre; le type a lunette avec une biere a la main
    caserne Junot a dijon. Qui peut me confirmer la caserne et qui a photographié ,?

  20. a Lautissier
    non, cette photo est de 1970 à Besançon 4ieme rh

  21. J’ai subi également ces vaccinations en 1978 à Fribourg (en Allemagne).
    Je n’en ai quasiment aucun souvenir.
    C’est bien que ça ne devait pas être si terrible que ça !

    Par contre j’ai plein d’autres souvenirs, beuveries, bagarres, quelques séjours au trou, divers apprentissages oubliés sitôt la quille arrivée !

    Peut-être pas un an de perdu, mais bien 6 à 9 mois …

  22. bjour à tous .
    moi aussi j ai connu ces « 3 doses » de TABDT. en 1963 !
    Je pourrais reprendre le » déroulé  » décrit , trés EXACTEMENT moi même.
    J ai été plutôt bien traité , et suivi …
    Car j’ai fait un choc anaphylactique au TAB DT , lors de la 1ére séance .
    A part cela , c est un souvenir classé , mais qui me permet de signaler
    « mes allergies  » , AVANT ET lors de mes HOSPITALISATIONS .
    BONNE CONTINUATION à tous .MERCI.

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