Brebis tuées – Alexandre Saunier : « Les éleveurs ne peuvent pas cohabiter avec le loup »

Les attaques du loup dans notre région se succèdent depuis deux mois. La preuve, celle commise, une fois encore sur la commune de Saint-Romain-sous-Gourdon dans la nuit de mercredi à jeudi (lire par ailleurs). Le nombre de victimes dépasse aujourd’hui les 60 brebis tuées par le prédateur et une trentaine de bêtes blessées.

Alexandre Saunier est un jeune éleveur ovin à Ciry-le-Noble, il est représentant de la chambre d’agriculture et de la FDSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et, au titre de président de la production ovine, spécialiste du mouton de race charolaise, il est en première ligne dans ce combat avec le loup.

« Nous ne sommes pas contre le loup mais il y a contradiction avec sa présence et nos élevages. Nous ne pouvons pas nous soumettre au loup, les éleveurs ne pourront pas cohabiter avec le loup » lance-t-il calmement.

Huit demandes de tirs de défense, une seule autorisée

Mardi, à Martigny-le-Comte chez Claude Ducert, victime à plusieurs reprises des attaques du loup, une réunion avec le préfet référent loup, Jean-Paul Celet, le préfet de Saône-et-Loire, Julien Charles et Josiane Corneloup, députée, a réuni une soixantaine d’éleveurs prédatés par le loup ou établis sur les communes touchées par le prédateur.

Mais est-ce vraiment un loup ? « Un éleveur l’a vu dans les phares de sa voiture quand il croquait une brebis » raconte Alexandre Saunier. Aujourd’hui le doute n’est plus permis.

Qu’ont obtenu les éleveurs des autorités à cette réunion ? « Sur les huit demandes de tir de défense nominatif, une seule a été validée » précise le Cirysiens. Encore faut-il que l’éleveur détienne un permis de chasse, il peut aussi mandater un chasseur ou encore faire appel aux louvetiers ».

Autre avancée, la brigade loup, des agents de l’Office Français de la Biodiversité, des spécialistes du loup qui agissent sur tout le territoire français, pourront également intervenir.

« Notre objectif est que nos brebis ne soient pas tuées par le loup » demande Alexandre Saunier. Encore faut-il que le troupeau soit sécurisé et a déjà subi une attaque, sans quoi le tir de défense n’est pas autorisé.

Une protection qui se traduit par des kilomètres de clôture électrique, « totalement inadaptée dans nos plaines et à notre mode d’élevage de qualité et de reproduction génétique dans le respect de l’environnement » explique le président de la section ovine.

La détresse psychologique des éleveurs

Protéger 600 brebis sur 125 hectares reviendrait à 25 000 € grâce aux crédits du plan loup d’urgence. « Mais après, il faut poser le matériel ! Moi j’assure une surveillance ». Il a 15 lots répartis sur plus d’une centaine d’hectares.

Alors en dehors de la perte d’animaux, « c’est surtout l’impact psychologique dont souffrent les éleveurs » affirme Alexandre Saunier. « Ils travaillent par passion alors voir leur travail saboté par un loup, ils sont abattus et tombent dans une grande détresse morale ». Les éleveurs se sentent impuissants avec un loup qui règne sur un territoire de 500 km2.

Et quand bien même dit-on, la cohabitation avec le loup se passe bien en Italie et en Espagne, la situation n’est pas comparable avec la France. « Dans ces pays, les animaux vivent enfermés, alors forcément, tout va bien » précise-t-il. Mangez un gigot espagnol et vous verrez la différence avec le goût et la qualité de la race charolaise.

Ceci dit, « aujourd’hui le loup en France n’est plus en danger, on dépasse les 500 têtes, alors nous demandons des tirs de prélèvements » indique le président. C’est-à-dire, organiser une battue par les louvetiers et les agents de l’OFB. « La demande a été refusée ».

« En attendant, nos brebis se font tuer ».

Jean Bernard

9 commentaires :

  1. J’aime beaucoup le titre « Les éleveurs ne peuvent pas cohabiter avec le loup », c’est une excellente synthèse de tout ce qui peut être dit ou écrit.

    • Devenez éleveur de moutons et vous comprendrez !!!

      • bonsens
        je suis d’accord avec vous. Ces bestioles là ( les loups ) n’ont plus leur place dans nos campagnes. Il y a que les doux rêveurs qui peuvent croire le contraire.
        Le problème c’est que nous sommes confrontés à des gens qui croient connaître mais qui ne connaissent rien à la nature et ils veulent nous donner des leçons.
        Mais assis derrière un ordinateur, on peut raconter n’importe quoi c’est tellement facile. Je voudrais bien voir ces gens là, la nuit dehors par tous les temps et tous les vents plusieurs semaines durant. Courir après des moutons affolés ou même des bovins. Et je sais de quoi je parle car moi je l’ai fait.

        • Je comprends ce qui peut vous grattouiller (c’est une image un peu faible). Je suis également doux rêveur, mais de ceux qui n’imaginent pas possible qu’une majorité de nos congénères suivent en bêlant quelques extrémistes de la cause animale et de l’environnement. Il y a une réelle désinformation dans les médias nationaux qui laissent une part prépondérante à quelques « spécialistes » choisis. Pour vous, comme pour le loup, il est grand temps de laisser place à d’autres voix plus réalistes. Je vous invite à partager les publications de https://www.coadapht.fr/fr qui manquent de lisibilité…et même pour les anglicistes, à constater la façon de voir d’un des plus anciens spécialiste du loup. http://davemech.com/ qui finallement partage vos propos. Vous avez raison, la population de loup en France est viable, il ne faut pas hésiter à l’éloigner significativement dès lors qu’elle s’approche des activités humaines. Ceci dit, si les tirs autorisés sont nécessaires vis à vis d’un loup « à probléme », ils ne resteront qu’un complément indispensable aux mesures de protections que l’on va vous imposer. https://www.coadapht.fr/sites/default/files/2020-07/Meuret_parfaits%20idiots_PASTUM%202020_version%20FR.pdf L’éradication de cet animal a nécessité des mesures extrémes. En l’état actuel de la législation (et de l’opinion publique) il n’est pas envisageable d’empêcher que d’autres loups arrivent chez vous…

        • Bonjour Candide, pour avoir voyagé dans des pays où la nature est immense et intense (pas le petit climat tempéré que l’on a en France), je vous promets que la « nature » dont vous parlez et que nous connaissons en France n’a de nature que le nom. L’expression « milieu rural » est sans doute plus appropriée.

          Le cheval de bataille pour moi se situe là : dans quelle mesure l’Homme a-t-il le droit de régir la Nature (avec un grand N, c’est-à-dire son méta-environnement) ? Quelle est la justification à cette toute-puissance ?

          Que vous le vouliez ou non, la prédation fait partie d’un équilibre naturel que l’être humain se doit de respecter, car il fait également de cet équilibre. Quelle légitimité avons-nous pour nous placer au-dessus des équillibres naturels ?
          Je vous conseille si vous comprenez l’anglais de regarder des interviews du Docteur Doug Smith, chef du programme de réintroduction des loups dans le Parc National de Yellowstone (9000 km², excusez du peu). Il y explique très bien comment l’Homme, par crainte du loup, y a exterminé ce dernier en 1926. Cela a mené à un bouleversement des équilibres naturels, conduisant à une grande déforestation du Parc car les ruminants n’y avaient plus de prédateur. Depuis le retour du loup, le parc a retrouvé tout son équilibre façonné au cours des millénaires.

          En France, c’est parce que l’Homme empiète sur les espaces naturels qu’il est confronté à des prédateurs avec lesquels il avait perdu l’habitude de cohabiter.
          On se croit plus fort que la nature, et quand elle nous rattrape on trouve ça anormal. Un peu d’humilité nous ferait peut-être du bien…

  2. cela serait préférable de capturer ce loup et de l envoyer en Espagne ou en Italie ,la bas les éleveurs cohabitent parfaitement avec cet animal. …

    • Vous êtes sûr, Pantherman ?

      file:///C:/Users/daniel/AppData/Local/Temp/cgaaer_18097_rapport_le_loup_et_les_activites_delevage_comparaison_europeenne_dans_le_cadre_du_plan_national_dactions_2018_2023.pdf
      Une étude issue du ministère de la transition écologique et qui parait assez complète. Juste un tout petit extrait p.4/88)
      « Face à cette évolution, les tensions se font de plus en plus vives, non seulement dans les zones où le loup a fait récemment son retour, mais aussi là où il est présent de plus longue date. »

  3. Quelques éleveurs de moutons n’y changeront rien ; l’homme moderne a déserté les campagnes comme le montrent le recul des terres cultivées et l’extension des surfaces boisées au fil des décennies, qu’on constate avec stupéfaction en regardant les vieilles photos. Nos anciens avaient exterminé le loup qui dévorait les « chaperons rouges » ; maintenant la place est libre, donc il revient… Bienvenue à lui. Paysans, gardez bien vos petites filles et vos moutons.

  4. Pourquoi le loup je que en une nuit il fait du chemin mai il peut pas être partout a la foi

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